Elections aux chambres fédérales 20XX - une IA est élue
L'intelligence artificielle (IA) transforme de nombreuses facettes de notre existence. Si vous pensez que la politique est à l'abri de ces changements, détrompez-vous. Selon Bruce Schneier et Nathan E. Sanders, deux scientifiques de la Silicon Valley, l'IA pourrait avoir une incidence sur la politique d'une manière que nous n'aurions jamais cru possible. Dans un article récemment publié dans la revue technologique du MIT, ils ont énuméré six étapes par lesquelles l'IA pourrait transformer notre paysage politique [1].
Nous avons tous en mémoire le danger des campagnes qui attaquent les opposants avec de fausses images / des fausses informations, parce que nous avons déjà des décennies d'expérience en la matière. Nous sommes à l'affût des gouvernements "étrangers" qui diffusent de fausses informations parce que nous avons été traumatisés par l'élection présidentielle américaine de 2016. Nous allons craindre que les opinions générées par l'IA ne supplantent les préférences politiques des personnes réelles, car nous avons vu se développer depuis des décennies l'"astroturfing" politique, c'est-à-dire l'utilisation de faux comptes en ligne pour donner l'illusion d'un soutien en faveur d'une politique.
Les menaces de ce type sont inquiétantes parce qu'elles sont évidentes. Nous savons à quoi nous attendre et nous pouvons facilement imaginer leurs effets. En réalité, avec l'intelligence artificielle l'avenir sera beaucoup plus [effrayant - désirable], je vous laisserai choisir en postant un commentaire, après avoir lu cet article.
En partant des 6 étapes décrites dans l'article du MIT et en y ajoutant ma touche personnelle avec des exemples concrets tirés de l'actualité récente en Suisse et en Europe, je vais vous décrire comment l'IA va prendre les rênes de notre pays.
Etape 1: l'IA prend la parole en politique
La première étape de l'ère de l'intelligence artificielle dans le monde politique peut paraître moins spectaculaire que ce que certains films d'anticipation nous ont promis. Pourtant, cette première étape n'est pas une étape banale: l'acceptation par un organe législatif d'un témoignage ou d'un commentaire généré par une IA et présenté en son nom. Vous avez bien lu: une IA qui s'exprime en son nom propre, comme si elle était l'une de nos élues. Pour être précis, en Suisse, sans changement constitutionnel (requérant un vote populaire), le message doit encore être porté par un élu ou soutenu par un comité d'initiative.
Des tentatives ont déjà été faites pour utiliser l'IA dans ce contexte, mais elles relevaient plus de coups de communication que de réelles avancées technologiques. On se souvient du discours de Saint Pierre lors de la prestation de serment du Conseil d'Etat le 31 mai 2023 [2]. Le président du Conseil d'Etat a lu un paragraphe rédigé par une IA (chatGPT) concernant la future politique numérique du canton. En mars 2023, le député Samuel Bendahan a déposé une interpellation rédigée par chatGPT sur la réglementation de l'IA en Suisse [3, 4]. Le Conseil fédéral a répondu à cette interpellation, indiquant qu'il avait déjà entrepris des actions dans ce sens depuis 2019.
Etape 2: l'IA rédige des amendements
La deuxième étape, à première vue, pourrait donner des frissons aux amateurs de séries de science-fiction. Imaginez un robot, confortablement installé derrière un bureau, rédigeant un amendement législatif. Autrement dit, les lois du futur pourraient être rédigées par une machine.
Nos chercheurs ont identifié l'amendement de textes légaux comme la méthode pour y parvenir. Cette pratique assez courante dans nos parlements consiste à ajouter ou modifier des points spécifiques d'une loi ou d'un projet de loi, souvent pour favoriser un intérêt particulier. Ainsi, une machine capable de le faire serait très utile pour certains politiciens moins scrupuleux. Mais pourquoi l'IA serait-elle particulièrement adaptée à cet exercice? Tout simplement parce que l'amendement est une pratique plutôt discrète pour modifier une loi, mais avec un objectif clair. C'est donc une tâche tout à fait accessible pour une machine dotée d'intelligence artificielle.
Cependant, ce qui pourrait poser problème, c'est que les amendements pourraient être déposés de manière anonyme, perdus dans une marée d'autres modifications. Imaginez une machine qui rédige des lois en secret, comme un écrivain fantôme, ça a de quoi faire frémir. Surtout quand on sait que les amendements peuvent parfois être rédigés par des groupes de lobbying (ces groupes d’influence utilisent peut-être déjà l’IA dans le cadre de leurs activités). Cependant, rappelons que cette prédiction n'est pas encore une réalité. L'IA n'a pas encore fait officiellement son entrée dans l'hémicycle.
Etape 3: L'IA surpasse les spin doctors
La troisième étape du scénario imaginé par Schneier et Sanders dans la revue du MIT implique que les messages politiques générés par l'IA surpassent en termes d'impact dans les sondages ceux produits par les spécialistes humains. Oui, l'intelligence artificielle pourrait un jour surpasser nos chers spin doctors (conseillers en communication). Mais n'ayez crainte, leur emploi n'est pas en danger pour le moment.
Ce qui se profile à l'horizon n'est pas un remplacement des humains, mais plutôt un nouveau partenariat. Comme dans un bon vieux film de science-fiction, l'IA pourrait aider les responsables de campagnes politiques à peaufiner leur message, en se basant sur des données et des algorithmes plutôt que sur leur instinct.
Prenons l'exemple du PLR en Suisse qui, en 2023, a utilisé l'IA pour créer une affiche montrant des militants collés au sol avec un slogan invitant à innover plutôt que de bloquer la société [5]. Cette affiche a fait sensation, non pas parce que l'IA a un sens de l'humour particulièrement aiguisé, mais parce qu'elle a exploité la puissance d’une IA dite générative pour concevoir un message / une image qui résonne auprès de l'électorat. Autre exemple, Nasrat Latif, candidat vaudois au Conseil national, a utilisé un chatbot basé sur l'IA pour dialoguer avec les électeurs sur ses thèmes de campagne [6]. Le chatbot utilise des éditoriaux et des chroniques rédigés par le candidat pour produire ses réponses, combinant ainsi le meilleur de l'humain et de la machine.
En fait, l'IA pourrait devenir l'assistant de campagne ultime, capable de tester une variété de messages et de déterminer lequel est susceptible de susciter la réaction la plus positive. Imaginez un monde où chaque message de campagne serait soigneusement conçu pour attirer l'attention, générer de l'enthousiasme et, finalement, gagner des votes. Cela nous rappelle l'affaire Cambridge Analytica. Bien sûr, tout cela soulève certains défis éthiques et pratiques. Quel est le rôle des humains dans ce processus? Comment s'assurer que l'IA ne soit pas utilisée pour manipuler les électeurs? Et bien sûr, qui est responsable si l'IA fait une gaffe? Ces questions sont complexes et nécessitent une réflexion approfondie. Mais une chose est sûre: l'ère où l'IA jouera un rôle de plus en plus important dans nos campagnes politiques n'est plus une simple spéculation. C'est une réalité en devenir et par exemple Google a pris des mesures pour que l’internaute puisse facilement identifier une publicité générée par l’IA.
Etape 4: l'IA séduit l'électorat et crée un parti politique
La quatrième étape, une IA créant son propre parti politique, a piqué ma curiosité. Le nouveau parti genevois "Libertés et justice sociale" a-t-il utilisé ce procédé en avril dernier, lors des élections au Grand conseil genevois pour attirer ses candidats ou le charisme de son leader a-t-il suffi? Rassurez-vous, ceux qui ont imaginé ce scénario ne prévoient pas (encore) une IA se présentant aux élections et occupant le rôle de chef d'État. Cependant, ils envisagent un scénario où une IA pourrait créer une plateforme de communication optimisée pour séduire une partie de l'électorat. Pas mal, n'est-ce pas? Imaginez un parti qui, en coulisses, est dirigé par une IA. Par l'intermédiaire d'un cabinet juridique, elle pourrait s'inscrire en tant que parti politique, rassembler des signatures pour déposer une liste et attirer des candidats humains prêts à se présenter aux élections sous sa bannière.
Pour les sceptiques qui pensent que c'est de la science-fiction, les auteurs de la publication du MIT nous rappellent l'expérience du Parti synthétique danois en 2022 [7]. Ce parti a été créé par un collectif d'artistes danois qui ont utilisé un chatbot basé sur l'IA pour interagir avec les membres humains de leur communauté sur Discord, explorant l'idéologie politique à travers des discussions. Malheureusement pour eux, le parti n'a pas réussi à rassembler suffisamment de signatures pour déposer une liste et n'a donc pas obtenu de représentation parlementaire. Cependant, la prochaine tentative pourrait être la bonne. Avec l'évolution de l'IA, nous pourrions voir une IA générative formuler un ensemble de politiques pour attirer un groupe démographique spécifique. Et pourquoi pas, créer une plateforme de consensus capable d'attirer un large soutien.
Dans un système multiparti comme le nôtre, un nouveau parti avec une accroche médiatique puissante, comme "premier parti créé par une IA", pourrait rapidement gagner l'attention et les votes. Un concept qui, je l'avoue, m'amuse autant qu'il m'intrigue. Mais attention, l'IA au service de la politique, c'est un peu comme une boîte de Pandore. Une fois ouverte, on ne sait jamais vraiment ce qui va en sortir. Pour l'instant, c'est plus de la spéculation qu'autre chose. Mais qui sait, le jour où l'IA se présentera aux élections, je serai peut-être là pour vous le raconter.
Etape 5: l'IA finance les campagnes politiques
En lisant l'étape numéro 5 de l'article du MIT, j'ai été surpris de trouver: "L'IA génère de manière autonome des bénéfices et contribue aux campagnes politiques". Pour moi, c'est de l'IA washing (du marketing pour vendre l'intelligence artificielle à toutes les sauces).
Alors, comment l'IA pourrait-elle aider à financer les campagnes politiques? Ne vous attendez pas à voir un robot passer le chapeau à la fin d'un meeting - du moins, pas encore. Plus concrètement, comme nos politiciens les plus doués, l'IA pourrait persuader les humains de faire un don pour une cause politique. C'est pour moi, l'option la plus probable parmi celles décrites dans l'article. Bien sûr, pour éviter que nos amis robots ne deviennent trop indépendants, quelques humains seraient toujours impliqués dans le processus et toutes les activités seraient enregistrées conformément aux lois en vigueur sur la transparence financière.
Etape 6: l'IA prend le pouvoir
Pour la sixième et dernière étape de notre exploration des rôles potentiels de l'IA dans la politique, Schneier et Sanders, les auteurs de l'article du MIT, nous invitent à envisager un univers où l'IA pourrait obtenir des résultats politiques simultanément dans plusieurs districts ou cantons, grâce aux compétences dont elle a fait preuve aux étapes précédentes. C'est comme si nous avions un nouvel acteur dans le monde politique, sauf qu'il est fait de zéros et de uns et qu'il ne prend jamais de pause-café.
Avant que vous ne commenciez à regarder derrière vous à la recherche d'un robot en campagne, laissez-moi préciser deux choses.
Premièrement, pour qu'une IA puisse entrer dans un hémicycle en Suisse, il faudra changer la constitution cantonale et/ou fédérale. Ce changement constitutionnel implique un référendum obligatoire.
Deuxièmement, l'IA n'a pas de volonté propre. Elle ne rêve pas de la présidence ou d'un monde régi par les machines. Mais une personne peut la programmer pour atteindre un objectif précis, comme assouplir une réglementation ou réduire les impôts. Comme nous l'avons vu précédemment, l'IA a de nombreux outils à sa disposition pour atteindre ces objectifs. Elle peut défendre une cause, créer et diffuser des messages via les médias sociaux, faire du lobbying, rédiger des textes de loi et même lever suffisamment de fonds pour mener sa propre campagne. Cependant, le point crucial ici est que l'IA n'est pas autonome. Elle peut nous surpasser dans bien des domaines, travailler H24, ingérer des milliers de documents rapidement, mais l'intelligence artificielle a toujours besoin d'une personne pour confirmer ou infirmer sa décision.
Alors, sommes-nous prêts pour une telle réalité? Je ne le sais pas. Ce que je sais, c'est que l'IA a déjà infiltré de nombreux aspects de nos vies, de nos téléphones à nos voitures. Alors peut-être que l'IA politique n'est pas si loin. Pensez-vous que l'avenir sera beaucoup plus [effrayant - désirable], merci de me donner votre avis en laissant un commentaire?!? Dans tous les cas, j'espère que l'IA en politique prendra au sérieux la vieille expression: "Que le meilleur gagne". Parce que si l'IA devient la meilleure, nous, humains, devrons revoir notre jeu.
Cet article a été co-rédigé avec ChatGPT, un modèle de langage avancé développé par OpenAI. Le recours à ChatGPT (version : gpt-4 de l'API) pour la rédaction de cet article permet de faciliter le processus de création de contenu. Il est essentiel de rappeler que ChatGPT est un outil automatisé et ne saurait remplacer les conseils ou l'expertise d'un professionnel qualifié. En outre, pour garantir son exactitude et sa pertinence, le contenu de cet article a été rigoureusement revu et approuvé par Olivier Leclère avant sa publication.
[1] Bruce Schneier, Nathan E. Sanders, MIT Technology Review, Six ways that AI could change politics, https://www.technologyreview.com/2023/07/28/1076756/six-ways-that-ai-could-change-politics/, publié le 28 juillet 2023, consulté en ligne le 9 septembre 2023
[2] Antonio Hodgers, Conseil d'Etat, Discours de Saint-Pierre, https://www.ge.ch/actualite/discours-saint-pierre-31-05-2023, publié le 31 mai 2023, consulté en ligne le 16 septembre 2023
[3] Claire Burgy, RTS, L'intelligence artificielle, ça change quoi pour vous?, https://www.rts.ch/info/sciences-tech/13994254-lintelligence-artificielle-ca-change-quoi-pour-vous.html, publié le 5 mai 2023, consulté en ligne le 17 septembre 2023
[4] Samuel Bendahan, L'Assemblée fédérale - Le Parlement suisse, 23.3147 - interpellation - Réglementation de l'intelligence artificielle en Suisse, https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20233147, date de dépôt 14.03.2023, consulté en ligne le 16 septembre 2023
[5] Myrtille Wendling, TdG, Une affiche du PLR, générée par une IA, crée la polémique, https://www.tdg.ch/une-affiche-du-plr-generee-par-une-ia-cree-la-polemique-758569233102, publié le 5 juillet 2023, consulté en ligne le 7 septembre 2023
[6] Léo Michoud, Blick, «Je suis là pour vous aider» Le PLR Nasrat Latif lance un robot conversationnel qui cause de sa campagne à sa place, https://www.blick.ch/fr/news/suisse/je-suis-la-pour-vous-aider-le-plr-nasrat-latif-lance-un-robot-conversationnel-qui-cause-de-sa-campagne-a-sa-place-id18942519.html, publié le 14 septembre 2023, consulté en ligne le 16 septembre 2023
[7] Chloe Xiang, Vice, This Danish Political Party Is Led by an AI, https://www.vice.com/en/article/jgpb3p/this-danish-political-party-is-led-by-an-ai, publié le 13 octobre 2022, consulté en ligne le 16 septembre 2023
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