Confiance et Sécurité, retour sur la deuxième journée d'Evote-ID 2023

Lors de la deuxième journée (5.10.2023) de la conférence Evote-ID, les présentations et les discussions ont tourné principalement autour d'une question : comment gagner la confiance dans le vote électronique et le vote en général? Je vous propose ma synthèse de cette journée riche en discussions avec plus de 100 personnes venant des 4 coins de la planète.

Si vous n'avez pas lu mon article sur la première journée de la conférence, les discussions ont tourné autour des thèmes : vérifiabilité et chiffrement

Dans notre monde de plus en plus numérisé, les droits politiques ne se résument plus uniquement aux bulletins en papier et aux urnes. Ils sont désormais liés à des systèmes informatiques complexes et à des processus de plus en plus techniques. La confiance des citoyennes et citoyens est essentielle, et elle ne doit pas être minée par des craintes, qu'elles soient fondées sur la technologie, la sécurité ou la pression de tiers.

Le chemin vers la confiance est semé d'embûches. Par exemple, trop de sécurité peut devenir contre-productif en suscitant des peurs parmi les électeurs moins à l'aise avec la technologie. De même, les opposants au vote électronique peuvent semer le doute et la méfiance parmi les autres électeurs, incitant certains pays à revenir sur l'utilisation de la technologie dans le processus de vote.

La perte de confiance dans le vote électronique n'est pas seulement un problème isolé. Elle peut avoir des répercussions sur l'ensemble du processus de vote et sur la perception vis-à-vis des autorités. Plusieurs facteurs peuvent induire cette perte de confiance ou engendrer des craintes vis-à-vis du système démocratique d'un pays, d'une région, d'un canton ou d'une commune. La polarisation politique croissante et les attaques contre le système démocratique lui-même posent les bases pour une perte de confiance. Dans un contexte budgétaire serré, les coûts de mise à jour des systèmes d'information peuvent sembler disproportionnés par rapport à leur utilisation, qui se limite à quelques jours tous les 18 à 24 mois. Cette situation, couplée à la non mise à jour des applications pendant plus de vingt ans dans certains pays, peut éroder la confiance. En Suisse, où nous votons généralement quatre fois par an, cette disproportion entre coût et bénéfice est moins ressentie. Même si la démocratie n'a pas de prix, elle a un coût.

Dans certains pays, sur certains systèmes de vote électronique, il est demandé aux électrices et électeurs d'accepter des conditions drastiques avant de voter. Imposer à l'électrice ou à l'électeur ce type d'engagement peut donner l'impression que l'administration transfère la responsabilité de la sécurité du système de vote au citoyen. Cette contrainte ne fait que renforcer la méfiance et alimenter les craintes.

Mais tout n'est pas perdu. Il existe des moyens de renforcer la confiance et de réduire les craintes. L'établissement de règles claires permettant de comparer et d'auditer la qualité des services offerts par différents acteurs peut aider. L'évaluation des risques peut également contribuer à trouver le juste équilibre entre sécurité et utilisabilité. Un autre outil précieux pour gagner la confiance est l'audit du processus, par une commission électorale. Redépouiller tous les bulletins de vote manuellement est coûteux et introduira inévitablement plus d'erreurs. Une solution consiste en un audit partiel et aléatoire (en anglais risk limiting audit - RLA). Cela implique le contrôle aléatoire d'un certain pourcentage de bulletins de vote, afin de vérifier que le dépouillement électronique a été correctement effectué. Cette approche est toutefois conditionnée à la possibilité d'identifier chaque bulletin de vote dans le système de dépouillement. Cette identification est rendue possible en imprimant un numéro unique sur chaque bulletin après sa numérisation. Enfin, la communication et le partage d'informations avec toutes les parties prenantes contribuent à construire une confiance solide.

Image générée par MidJourney