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20 ans de Facebook: quel avenir pour les réseaux sociaux?

En ce début février 2024, Facebook fête ses 20 ans. En lisant l'article "la fin des réseaux sociaux" de The Economist [1], je me suis posé plein de questions quant à mon utilisation des réseaux sociaux, mes besoins, l'impact de l'intelligence artificielle (IA) sur ces derniers, sur moi, la société et pas uniquement l'emprise que l'intelligence artificielle dite générative (genAI) va prendre sur nous, mais l'impact de tous les types d'IA. Je ne vais pas forcément répondre à toutes ces questions dans cet article, mais je vais poser le contexte dans lequel nous nous trouvons actuellement et proposer des pistes de réflexion.

Dans un monde centré autour du numérique où chaque clic, chaque visionnage et chaque partage sur les réseaux sociaux façonnent une toile numérique infiniment complexe, un miroir de nos intérêts, de nos passions et parfois de nos peurs, nous sommes à un tournant. À l'échelle de l'histoire de l'humanité, le World Wide Web, cette invention de Sir Tim Berners-Lee au CERN en 1989, peut sembler insignifiante. Toutefois, en 35 ans, la technologie a révolutionné la manière dont nous consommons l'information et interagissons entre nous.

Le web a été conçu et développé autour de l'hyperlien afin de faciliter le partage d'informations entre des scientifiques travaillant dans des universités et instituts du monde entier. Il aura fallu près de 15 ans pour connaître la première mutation du web. L'avènement du web 2.0 a coïncidé avec l'essor des réseaux sociaux il y a 20 ans. Cette première évolution, qui aspirait à plus de simplicité et d'interactivité, permettait à chacun de devenir un consommacteur. Le consommacteur continuait à consommer de l'information en suivant des hyperliens d'une page web à une autre. L'internaute pouvait également, au travers des réseaux sociaux, en s'affranchissant de la barrière technique, partager son contenu ou donner son avis en cliquant sur des petits pouces bleus ou en laissant un commentaire. Nous avons alors assisté à une concentration de ces services "gratuits" de partage de l'information et du savoir entre les mains de quelques acteurs comme le groupe Meta et d'autres qui ont disparu ou sont en passe de disparaître. Afin de reprendre le contrôle de notre information, de nos données, de nos transactions, etc., nous avons imaginé un web 3.0 où l'information serait décentralisée, dans la blockchain par exemple, ou au travers de POD comme décrits dans le projet Solid (Social Linked Data) de Tim Berners-Lee ou encore dans le métavers (dont on ne parle déjà presque plus aujourd'hui). Le web 3.0, avec ses aspirations décentralisées, collaboratives et centrées sur l'utilisateur, reste un idéal, un vœu pieux face à un marché qui trace sa propre route.

 

Réseaux sociaux, pas si sociaux

Au cœur de cette évolution, les réseaux sociaux ont transformé notre façon de consommer les médias. Facebook, à l'aube de ses 20 ans, et à travers les différentes plateformes du groupe Meta, incarne parfaitement cette métamorphose. Les interactions y sont de plus en plus rares, car nos fils d'actualités sont par défaut inondés par la communication de masse avec des vidéos, des Reels, des stories d'inconnus partagées par l'intelligence artificielle, en lieu et place des nouvelles de nos proches ou de personnes que nous avons choisies de suivre. Le paradoxe est saisissant, car les réseaux sociaux deviennent de moins en moins sociaux. Les algorithmes, gorgés d'IA, privilégient les contenus divertissants au détriment du partage personnel. Les gens migrent vers des espaces plus fermés, comme WhatsApp ou Telegram, en quête d'intimité perdue. Et dans ce ballet numérique, de nouveaux problèmes surgissent: modération insuffisante, santé mentale des adolescents mise à mal, et une diffusion d'informations orientées qui souvent ignore les connexions sociales réelles.

 

IA, moteur du web 4.0?

La genAI pourrait-elle être le catalyseur d'une nouvelle révolution du web ou est-ce un feu de paille qui va prochainement se consumer? En tant qu'observateur attentif de ces changements, je suis convaincu que l'IA générative a le potentiel de bouleverser nos interactions en ligne. Les moteurs de recherche comme Google et Bing évoluent, se transformant en pourvoyeurs de réponses, afin de retenir les utilisateurs dans leur écosystème. Cela pourrait signifier moins de trafic pour les sites web indépendants comme celui-ci, et par conséquent, une perte de diversité dans le paysage de l'information. Pour le moment, l'intégration d'un Copilot dans Bing n'a pas suffi à modifier les habitudes des internautes [2], et les services de Google SGE (Search Generative Experience) restent pour l'instant limités géographiquement et linguistiquement. Qu'en sera-t-il dans quelque temps?

La véracité de l'information est un autre enjeu majeur. Avec des outils comme ChatGPT, capables d'inventer des sources crédibles à partir de rien, comment assurer l'intégrité et la fraîcheur de l'information? Nous savons également que l'IA générative n'a qu'un esprit probabiliste dénué de toute pensée analytique. Avec l'augmentation du contenu généré par l'IA, allant des images d'illustration au copywriting optimisé pour le référencement (SEO - Search Engine Optimization), le web risque de perdre sa saveur unique. Et que dire des risques de désinformation qui planent comme une ombre sur notre démocratie?

Il nous faudra du temps pour trouver le bon équilibre entre le contenu rédigé entièrement par une IA et le contenu co-produit par un expert à l'aide de l'IA, afin qu'il puisse être compris par le plus grand nombre.

 

En attendant de trouver le bon équilibre et alors que nous avançons dans cette ère numérique, une énième question se pose: comment s'assurer que le serpent de l'IA générative ne se morde pas la queue, nous entraînant dans un cycle infini de contenus insipides et potentiellement trompeurs?

Vos expériences avec les réseaux sociaux et l'IA générative sont-elles en adéquation avec ces observations? Quels changements aimeriez-vous voir pour préserver l'authenticité et la fiabilité du web que nous chérissons tant? N'hésitez pas à partager vos réflexions, vos espoirs et vos inquiétudes sur l'avenir de notre toile numérique en laissant un commentaire ci-dessous.

 

[1] The Economist, The end of the social network, https://www.economist.com/leaders/2024/02/01/the-end-of-the-social-network, publié le 1er février 2024, consulté en ligne le 2 février 2024

[2] Mediarama, SEO, SGE et plateformes: en 2024, comment les médias peuvent en tirer parti?, https://mediarama.io/seo-sge-et-plateformes-en-2024-comment-les-medias-peuvent-en-tirer-parti/, publié le 11 janvier 2024, écouté en ligne le 27 janvier 2024

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