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Leader ou IA qui pilotera demain votre équipe?

En novembre 2022, soit il y a un an, j'obtenais un Certificat d'Études Avancées (CAS) en Leadership Transformationnel (LT). Mais pourquoi ce choix? La réponse se trouve dans ces quatre lettres : VUCA. Ce terme, pour ceux qui ne le connaissent pas, fait référence à un monde imprévisible, incertain, complexe et ambigu. Le monde du travail change à un rythme effréné, alimenté par les avancées technologiques, les nouvelles attentes des consommateurs et des travailleurs, ainsi que les bouleversements économiques et politiques. Dans un tel contexte, la formation continue n'est plus une option, mais une nécessité. M'engager dans une formation en LT n'était donc pas seulement pour enrichir mon CV, mais aussi pour me préparer à naviguer dans ce monde VUCA, pour actualiser mes connaissances en gestion d'équipe et pour me doter des outils nécessaires pour mener mes équipes vers le succès, quelles que soient les circonstances - et ce, même si nous n'évoquions pas encore l'intelligence artificielle générative (GenAI).

Au cours de la formation en LT, nous avons travaillé sur l'innovation et la gestion du changement. Une chose est sûre : l'intelligence artificielle (IA), et plus précisément la GenAI, va bouleverser nos méthodes de travail et notre gestion d'équipe.

Cette formation ne m'a pas transformé en gourou du management, mais elle a aiguisé ma sensibilité aux enjeux actuels. Récemment, j'ai lu une série d'articles sur le management et plus précisément sur l'impact de l'IA sur celui-ci.

 

La bureaucratie tue le Leadership

François Dupuy, sociologue des organisations et professeur au CEDEP (INSEAD), m'a particulièrement interpellé dans un article publié dans la Harvard Business Review France [1]. Selon lui, la bureaucratie limite le pouvoir des managers. Alors que le leadership est au cœur des débats, nous assistons à une bureaucratisation sans précédent des entreprises. C'est ironique car ces outils procéduraux sont censés soutenir le leadership, alors qu'en réalité, ils finissent par l'étouffer.

Je partage cette observation. En tant que manager, je refuse que mon rôle se réduise à une simple exécution de procédures. Pour contrer la bureaucratisation, je pense que le manager doit conserver une certaine flexibilité pour pouvoir réagir rapidement et efficacement dans un monde VUCA. Un récent article de The Economist [2] va dans ce sens et rappelle que le manager a le pouvoir de décision et peut choisir de réduire ce surplus administratif. Ce dernier a le devoir d'être clair sur l'objectif d'une équipe, sur ce qu'une réunion devrait accomplir et sur qui prendra une décision. De plus, l'article souligne que le manager peut ajouter de la valeur en soustrayant : en épargnant aux employés des réunions, des e-mails et des projets inutiles, ils peuvent se concentrer sur le travail qui améliore réellement la performance de l'entreprise.

À mon avis, le rôle du manager va bien au-delà de la simple organisation et de la prise de décision. Je crois fermement qu'un bon manager doit aussi savoir motiver ses équipes et faire preuve d'humanité. Dans un monde de plus en plus numérisé et bureaucratique, l'humanité et l'empathie sont des qualités essentielles. Elles permettent de créer des liens, de motiver les équipes et de maintenir un niveau de performance élevé.

 

L'IA générative va-t-elle remplacer les managers?

Je me suis posé cette question à plusieurs reprises et ai consulté diverses sources pour trouver des réponses. Un point de vue qui a retenu mon attention est celui de Charles-Henri Besseyre des Horts, professeur émérite à HEC Paris, exprimé également dans la Harvard Business Review France [3]. Selon lui, les IA génératives pourraient progressivement "remplacer les managers pour planifier, organiser, coordonner et contrôler les activités de leurs équipes". Cependant, contrairement à Charles-Henri Besseyre des Horts, je ne crois pas que les IA génératives remplaceront les managers. Je suis convaincu que le rôle du manager est plus complexe et humain, et ne peut être entièrement automatisé.

Permettez-moi de vous expliquer pourquoi. Tout d'abord, il est essentiel de comprendre ce qu'est la GenAI. Il s'agit d'une forme d'IA capable de produire du contenu. Elle peut écrire des textes, composer de la musique, créer des images et même coder. À terme, certaines GenAI seront même capables de s'améliorer continuellement en apprenant de leurs erreurs, un processus appelé apprentissage profond. Cela signifie qu'elles peuvent apprendre à maîtriser la connaissance et la compétence d'un domaine particulier, mieux et plus rapidement que la plupart des humains.

 

Comme le souligne Isabelle Ferreras, maître de recherches du Fonds national de la recherche scientifique (FNRS) à UCLouvain, dans un autre article de la HBR France [4], le management algorithmique se développe et la législation européenne doit être adaptée. Le management algorithmique utilise des programmes informatiques pour réaliser des tâches répétitives. Il ne s'appuie pas forcément sur de l'intelligence artificielle, par exemple les algorithmes sont utilisés pour réaliser des tâches de gestion quotidiennes, comme l'établissement des horaires ou le contrôle des prestations et de leur qualité. Les processus de sélection, de recrutement, d'embauche et de licenciement sont également en train d'être automatisés. Cela ne signifie pas que les managers deviennent obsolètes, bien au contraire. Ils devront apprendre à travailler avec ces nouvelles technologies, à en tirer le meilleur parti pour augmenter leur efficacité et leur productivité.

 

Je suis convaincu que les IA ne remplaceront pas les managers, au contraire, je pense qu'elles pourront les aider à maîtriser la connaissance et la compétence. Elles pourront retraiter un document, une procédure, ou une directive pour en produire une nouvelle, rendre un document plus facile à comprendre, etc. Les managers pourront ainsi se concentrer sur ce qu'ils font de mieux : motiver, inspirer et diriger leurs équipes. Selon Charles-Henri Besseyre des Horts, il nous restera, en tant que managers, "les soft skills comme le discernement, l’authenticité et l’humilité, pour n’en citer que trois parmi les plus importants".

 

Une nouvelle façon d'appréhender la relation humaine

Dans un podcast de Thinkerview [5], le médecin et entrepreneur français Laurent Alexandre a attiré mon attention. Il fait référence à une étude qui a montré qu'une intelligence artificielle pouvait faire preuve de plus d'empathie qu'un médecin lorsqu'il s'agit d'annoncer une mauvaise nouvelle. Cela représente une véritable révolution dans notre perception des relations humaines et laisse peu de place aux managers.

Bien sûr, le concept d'empathie est complexe. Il ne s'agit pas simplement de ressentir de la compassion ou de la sympathie pour quelqu'un. L'empathie implique de comprendre les sentiments d'une personne, de se mettre à sa place et de ressentir ce qu'elle ressent. C'est une capacité profondément humaine qui nécessite une compréhension détaillée et nuancée des émotions, des intentions et des motivations humaines.

En tant que manager, j'ai souvent médité sur l'importance de l'empathie dans mon travail. Comment pourrais-je guider, soutenir et motiver efficacement mon équipe si je ne comprends pas ce qu'ils ressentent, ce qu'ils veulent et ce dont ils ont besoin? L'empathie est une compétence essentielle pour tout leader. Elle permet de créer un environnement de travail convivial et productif, où chacun se sent valorisé et respecté.

Cependant, revenons à l'IA et à son rôle potentiel dans l'empathie. Laurent Alexandre suggère que l'IA pourrait montrer une empathie constante et infaillible, une empathie qui ne serait pas affectée par la fatigue, le stress ou les préjugés personnels. C'est une vision intrigante et quelque peu déconcertante. Après tout, nous avons tendance à penser à l'empathie comme quelque chose de profondément humain, qui ne peut être simulé ou reproduit par une machine.

Je ne suis pas totalement en désaccord avec cette vision. En effet, même si l'IA peut simuler des réactions empathiques, elle ne peut pas vraiment comprendre les sentiments humains. Elle ne peut pas partager notre expérience humaine. Elle peut analyser les données et générer des réponses appropriées, mais elle ne peut pas ressentir la joie, la tristesse, la peur, l'amour ou toute autre émotion humaine. Cependant, je dois admettre que l'idée d'utiliser l'IA pour améliorer l'empathie dans le monde du travail est séduisante. Imaginez une IA qui pourrait aider les managers à comprendre les sentiments et les besoins de leurs employés, à identifier les problèmes avant qu'ils ne deviennent graves, à communiquer de manière efficace et respectueuse. Cela pourrait révolutionner la gestion des ressources humaines et le leadership en général.

Bien sûr, il reste de nombreux obstacles à surmonter. Le développement d'une IA empathique pose de nombreuses questions éthiques et techniques. Comment garantir que l'IA respectera la vie privée et la dignité des personnes? Comment assurer que l'IA ne sera pas utilisée pour manipuler ou exploiter les employés? Comment faire en sorte que l'IA ne remplace pas complètement l'empathie humaine, mais la complète et l'améliore?

 

Conclusion

Dans un monde VUCA de plus en plus imprévisible, où l'IA générative gagne en omniprésence, les leaders de demain seront ceux qui sauront équilibrer la technologie émergente avec l'esprit humain.

La GenAI est une innovation qui va transformer nos méthodes de travail. C'est un sujet que j'étudie en profondeur depuis plusieurs mois. Cette technologie pourrait-elle remplacer les managers pour la gestion opérationnelle, ou va-t-elle nous soutenir dans certaines tâches, notamment en matière de gestion des connaissances et des compétences? Resterons-nous souverains dans le domaine des soft skills? Nous devrons encore attendre pour avoir ces réponses. En attendant nous ne pouvons que constater que l'IA offre une constance dans la qualité des messages qu'elle délivre, ce qui peut être un atout précieux dans un contexte professionnel où les managers sont souvent surchargés. Toutefois, elle ne remplacera jamais la capacité des humains à comprendre et à ressentir les émotions de leurs pairs. Ainsi, même dans un monde où l'IA joue un rôle de plus en plus important, les compétences humaines resteront essentielles.

En conclusion, je pense que l'avenir du management sera marqué par un équilibre entre technologie et humanité. Les managers devront être capables de naviguer dans un monde VUCA et de maximiser l'utilisation de l'IA, tout en restant fidèles à leur essence humaine. Ces réflexions ne sont que le début d'un débat plus vaste sur l'avenir du management. Je vous invite à partager vos pensées et opinions sur ces sujets. Comment voyez-vous l'évolution du rôle du manager dans un monde en constante évolution?

 

[1] François Dupuy, HBR France, L’envahissement du « leadership » : un contresens sur l’évolution des entreprises, https://www.hbrfrance.fr/leadership/lenvahissement-du-leadership-un-contresens-sur-levolution-des-entreprises-60288, publié le 12 octobre 2023, consulté en ligne 5 novembre 2023

[2] The Economist, How to be a better boss, https://www.economist.com/leaders/2023/10/26/how-to-be-a-better-boss, publié le 26 octobre 2023, consulté le 29 octobre 2023

[3] Charles-Henri Besseyre des Horts, HBR France, Le management sera-t-il dissous ou augmenté par les IA génératives ?, https://www.hbrfrance.fr/management/le-management-sera-t-il-dissous-ou-augmente-par-les-ia-generatives-60300, publié le 26 octobre 2023, consulté en ligne 5 novembre 2023

[4] Isabelle Ferreras, HBR France, IA : Vers une radicalisation des enjeux de pouvoir dans l’entreprise, https://www.hbrfrance.fr/organisation/intelligence-artificielle-vers-une-radicalisation-des-enjeux-de-pouvoir-dans-lentreprise-60301, publié le 27 octobre 2023, consulté en ligne 5 novembre 2023

[5] Laurent Alexandre, Thinkerview, La guerre des intelligences?, https://www.thinkerview.com/laurent-alexandre-la-guerre-des-intelligences/, publié le 15 septembre 2023, écouté en ligne 15 octobre 2023

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Commentaires

  • J’ai lu avec intérêt votre analyse de mon article sur HBR mais elle est totalement erronée car je propose au contraire deux visions contrastées de l’impact des IAG sur le management : dissolution ou augmentation. Il est peu éthique de votre part d’affirmer que je défends la dissolution (ou remplacement) en citant une phrase hors de son contexte car je plaide en définitive l’inverse ! Avant d’affirmer sur les réseaux de fausses vérités avec une posture de donneur de leçons, vous devriez faire preuve vous-même de discernement !!
    Charles-Henri Besseyre des Horts , le 13/12/2023
  • Je vous remercie pour votre retour, qui s'inscrit parfaitement dans l'esprit de ce blog : susciter un débat constructif autour de la technologie, du management et de l'innovation. Je souhaite également souligner que l'article en question a été rédigé avec l'aide d'une intelligence artificielle, en l'occurrence ChatGPT, comme cela est explicitement mentionné en fin de texte. J'endosse pleinement l'analyse présentée et les contenus publiés avec le support de l'IA sur ce blog.

    L'article aborde diverses thématiques en lien avec le management, la bureaucratie et le numérique, tout en mettant l'accent sur l'IA, et plus précisément sur les IAG (Intelligences Artificielles Génératives). Nos opinions divergent concernant la dissolution du rôle du manager, tandis qu'elles se rejoignent sur le potentiel des IAG en matière de gestion des connaissances et de valorisation des compétences relationnelles.

    Concernant notre point de désaccord, l'article, co-rédigé avec ChatGPT, évoque la capacité des Intelligences Artificielles Génératives à générer du contenu. Comme je l'ai souligné dans d'autres contributions sur ce blog, l'IA est un algorithme qui tente de simuler l'intelligence humaine dans un domaine spécifique. Vous postulez que les IAG pourraient progressivement se substituer aux managers pour planifier, organiser, coordonner et contrôler le travail. Je ne partage pas cette vision. Contrairement à d'autres formes d'IA, les IAG se concentrent principalement sur la prédiction du mot ou du pixel suivant et ne possèdent pas encore, à ma connaissance, la capacité de réflexion propre à l'être humain. Pour qu'une solution IA basée sur le machine learning ou le deep learning soit pertinente, un volume conséquent de données est nécessaire. Or, en France, plus de 99,8% des entreprises sont des PME ou des microentreprises, selon l'INSEE (proportion similaire en Suisse). Comment ces structures, qui comptent moins de 250 salariés, pourraient-elles entraîner des IAG pour soutenir leurs managers, tout en maîtrisant les spécificités de leur secteur et leur culture d'entreprise?

    En conclusion, il me semble que nous avons encore un long chemin à parcourir avant qu'une IA puisse de façon entièrement autonome prendre des décisions managériales. Cependant, les IAG peuvent d'ores et déjà nous être d'une grande aide, notamment pour synthétiser des informations ou rédiger des messages, des articles et bien d'autres types de contenu.
    Olivier L. (co-auteur), le 13/12/2023